Ostéopathie et plagiocéphalie chez le nourrisson

J’ai suivi une formation à l’automne 2019 avec madame Sylvie Lessard professeure d’ostéopathie au collège d’études ostéopathiques, qui est devenue une sommité dans ce domaine. Madame Lessard, est aussi diplômée en physiothérapie. Je vous fais part, dans cet article, des signes que vous devez détecter comme parent pour déterminer si vous devez consulter en ostéopathie.

Tout d’abord il est intéressant de mentionner que la plagiocéphalie était, selon une étude publiée en 2014 (Morin, C. et Aubin, A.) la principale raison de consultation en ostéopathie, pour les nourrissons, suivi des torticolis.  Selon l’étude de Hutchison et al. (2004), dans laquelle est recensée les études concernant la prévalence, nous retrouvons une prévalence de 22,7% à 6 semaines de vie avec un pic à 37% à 8-12 semaines (Ballardini et al., 2018) avec une tendance à diminuer par la suite jusqu’à 1 an. Toujours, selon l’ étude de Ballardini et al.,  , nous retrouvons, principalement, des brachiocéphalies à droite, qui peuvent être accompagnées de brachycéphalie. Le facteur de risque principal serait la rotation préférentielle de la tête d’un côté.

Quels sont tout d’abord les types d’asymétrie que vous pourriez retrouver chez votre enfant. Il y a la plus courante, soit la plagiocéphalie (les photos ont été prises sur wikipédia). Elle est caractérisée par un méplat d’un côté de la

 

tête. 

Ensuite, la deuxième, plus couramment observée, est la brachycéphalie où le plat est complètement postérieur. Donc le portrait est que la tête du bébé est beaucoup plus large que longue. Finalement le plus rare, la dolicocéphalie où nous retrouvons l’inverse de la brachy, soit la tête est beaucoup plus longue que large. Il est possible d’avoir une combinaison de brachy et de plagio.

En plus de vérifier si votre bébé a une préférence à tourner ou à maintenir sa tête d’un seul côté, ce que je vous invite aussi à observer, ce sont l’alignement des oreilles. Y en a-t-il une plus haute ou plus en avant que l’autre.  Votre bébé a-t-il la mâchoire symétrique, lorsqu’il baille va-t-elle plus d’un côté que de l’autre. L’alignement des yeux, y en a-t-il un plus haut ou plus petit que l’autre. A-t-il une attitude en torticoli, soit son corps est en banane d’un côté. Si il est flexion à droite sa tête devrait en principe être en flexion latérale droite et tournée à gauche. Son visage globalement est-il symétrique?

 

 

 

Ce que nous ferons en ostéopathie, c’est vérifier son tonus, sa mobilité globale, ses préférences de positionnement, etc. Ses sutures crâniennes, sont-elles bien alignées. Nous vous poserons des questions sur les systèmes digestifs, respiratoires, etc qui peuvent également influencer le positionnement de votre bébé. Nous prendrons si nécessaire, des mesures du crâne pour en déterminer la sévérité. Habituellement, si nous obtenons un score qui le qualifie de modéré à sévère, nous vous encouragerons aussi à consulter d’autres professionnels (chiropraticiens, physiothérapeutes, orthophonistes, optométristes, etc.)  en complément à nos séances d’ostéopathie.   Par exemple, en physiothérapie pour vous donner des exercices appropriés. Il est important de mentionner qu’un bébé, qui se tient la tête tournée d’un seul côté, ne peut découvrir visuellement son côté opposé. Il est donc important de travailler en collaboration avec d’autres thérapeutes afin de maximiser l’efficacité des interventions.

Il est primordial, lors de ses moments d’éveil, d’installer le plus souvent possible votre bébé sur le ventre, et ce, toujours sous surveillance. Ceci dans le but de diminuer le temps d’appui de la partie postérieure de la tête.  D’autres objectifs sont également visés tels:  faire travailler ses muscles extenseurs, étirer ses muscles fléchisseurs et, entre autres, son système digestif, etc. Il est également important de toujours le coucher sur le dos, durant son sommeil et lorsqu’il est sans surveillance. L’augmentation des  »têtes plates » chez le bébé, serait davantage attribuable au fait que plusieurs équipements conçus apparemment pour sa sécurité, ont pour effet de l’immobiliser et de l’empêcher de développer sa motricité (Patural, H. et al., 2017).

Nous recommanderons une référence au médecin prescripteur de l’orthèse crânienne (casque) si les séances n’apportent pas les résultats escomptés. À ce moment vous devrez demander une référence de votre médecin traitant. C’est entre 5-7 mois, lorsque l’enfant a acquis un bon contrôle de tête que le port de cette orthèse peut être recommandée. Celle-ci est habituellement portée 23/24 heures les premiers trois mois.

Pour terminer, en ostéopathie nous allons, durant les séances qui peuvent varier de 30 à 60 minutes, par des manipulations douces tenter d’enlever les tensions qui peuvent causer ces asymétries. Si d’autres problématiques sont également soupçonnées, nous vous inviterons à consulter le médecin ou tout autre professionnel approprié à la situation.

J’espère que ces renseignements vous seront utiles pour vous aider à déterminer si vous devez consulter ou pas en ostéopathie. Il demeure recommandé, après un accouchement, de venir consulter ne serait-ce par prévention, même si tout s’est bien déroulé, afin de vérifier que des tensions n’ont pas pu s’installer qui pourraient ressortir plus tard. J’offre le service à Val Bélair, à StMarc-des-Carrières et à Lévis.

références

Ballardini, E., Sist, M., Basagalia, N., Benedetto, M. et al., (2018). Prevalence and characteristics of positionnal         plagiocephaly in healthy full-term infants at 8-12 weeks of life. European Journal of pediatrics . 177 : p.1547-1554. doi: 10.1007/s00431-018-3212-0

Hutchison, B. L., Hutchison, L.A., Thompson, J. M. et Mitchell, E. A. (2004). Plagiocephaly and brachycepahly in the first two years of life : A prospective cohort study: Pediatrics, 114(4), 970-980. doi:1542/peds.2003-0668-F

Morin, et Aubin, (2014). Primary reasons for Osteopathic consultation : A prospective survey in Quebec.  vol.9 (9) e 106259. doi: info:doi/10.1371/journal

Patural et al., Désinformation concernant le couchage des nourissons et la plagiocéphalie, Archives de pédiatrie, Elsevier Masson. doi: dx.doi.org/10.1016/j.arcped.2017.08.020